3 rue Saint Malo

3 rue Saint Malo

L’immeuble au 3 rue Saint Malo est voisin du no1. Cette maison à pan de bois est datée de 1633 par dendrochronologie. Elle a été construite par Yves de Lesormel (1594-1650), Sieur de Coatsabiec. De 1937 à 2013 la pâtisserie Audigou, trés réputée à Lannion, a été en activité dans cette maison. L’appartement du pâtissier sera conservé dans son agencement général, entièrement rénové et remis aux normes. Les travaux sont cependant en pause, en attente d’une solution pour créer un coupe feu entre le RDC occupé par un commerce et le 1er qui sera habité.

Les immeubles voisins: 1 et 3 rue Saint Malo
Maison à pan de bois datée de 1633.
Statue d’ange en bois peint au sommet de la façade.

Historique de l’immeuble: De même que l’immeuble au no1 de la rue, cette maison situé au no3 a appartenu à la famille de Lesormel. Le premier propriétaire connu est Yves de Lesormel (1594-1650), Seigneur de Coatsabiec. Il est issu de la famille noble de Lesormel d’origine de Plestin. Son blason est bandé de six pièces d’argent et d’azur avec pour devise « Le content est riche ». Peu fortunée la famille considérait donc sa fortune dans le contentement. Une branche de la famille vivait sur Lannion où siégeait l’auditoire, ce qui leur permettait de suivre leurs affaires au plus près. En 1672 suite au décès de l’épouse de Yves la succession s’organise à l’amiable entre les enfants. Guillaume l’aîné, hérite des parties nobles, alors que Jean, Sr de Kerouriou, hérite de l’immeuble au no 1 rue Saint Malo. Le cadet Guillaume, Sr de Mézernot, étant déjà décédé en 1670 ce sont ses enfants qui héritent de l’immeuble voisin au no 3. Nous ne savons pas s’ils y ont réellement résidé, car ils possédaient plusieurs biens sur Lannion.

Blason de la famille de Lesormel

A la fin du XVIIIème siècle la maison était possédée par Maître Jude Le SERVER, premier huissier au siège royale et sa femme marchande épicière. Leurs noms apparaissent dans les rôles de capitations de 1780 à Lannion. Ils étaient probablement nouvellement installés à Lannion car leurs noms n’apparaissent pas dans les relevés précédents.

Rôle de capitation de 1780 dans la rue Saint Malo. Apparaissent Maître Jude le SERVER, premier huissier au siège royale et sa femme marchande épicière. AD35.

Début XIXème la maison a appartenu à Jean BORDAIS et son épouse Louise LUNEGANT. Leurs noms apparaissent sur un plan d’alignement de 1821 ainsi que sur le cadastre de 1827. Ils possédaient également des maisons proches de l’églises Saint-Jean du Baly et à Kerampont dans la montée de Morlaix. Le nom de famille LUNEGAN est peu courant, dans le Lannion du XVIIIème et XIXème siècle il est porté notamment par un agriculteur et des couvreurs. Ce nom de famille pourrait être un dérivé de HUNEGAN, nom d’une famille d’origine Irlandaise. Toujours d’après le cadastre les propriétaires suivants sont Françoise MERIADEC en 1861 et Pierre FRANCISQUE, banquier, en 1867 et enfin Charles et Marie Yvonne LAMOUR qui possédaient déjà plusieurs maisons de la rue.

Cadastre de 1827 au folio Louise LUNEGAN. Apparaît la maison au numéro de parcelle 1019 avec la mention d’une mutation en 1861. La maison passe en indivision entre Louis PERRON et Pierre PETITBON.

Début XXème Mathieu et Marie GOURIOU sont propriétaires en même temps que l’immeuble au no1 de la rue. La suite a été marquée par la famille AUDIGOU, vielle famille lannionnaise. En 1937 Maria AUDIGOU, veuve de Hippolyte AUDIGOU mort pour la France en 1914, y installe une pâtisserie confiserie qu’elle transmettra à ses enfants. Début XVIIIème la famille AUDIGOU ou HODIGOU était marchand de fil, à partir de la deuxième moitié tous étaient bouchers. Par la suite ils ont été bouchers de père en fils jusqu’à aujourd’hui avec également une branche de boulangers pâtissiers.

Le RDC est maintenant occupé par un commerce de cigarettes électroniques.
Les travaux devront être réalisés sans perturber l’activité.
Dans les étages le mur côté façade est décorée de boiseries de second usage. Le mur mitoyen a quant à lui bien bougé, 30cm de différence entre le bas et le haut du mur!
Cheminée découverte de la dépose de cloison, elle était dissimulée derrière un doublage.
La même cheminée après sablage. Le projet de rénovation la mettra bien sûr en valeur.
Les doublages ont été déposés et les murs sablés. Le sablage met bien en évidence à la fois la maçonnerie en pierre, les poutres en chêne et le dessous du plancher de l’étage supérieur.
La charpente est d’époque et a été agrandie au moins deux fois. Les parties anciennes encore en place ont été consolidées il y a quelques années et la toiture avec ardoises au clou a été rénovée en même temps.
Cette vue du dessus permet de mieux comprendre la complexité de la toiture. Les toits des deux bâtiments voisins présentent des pentes de sens différents ce qui explique un raccord au milieu. Les parties grisées sont d’anciens conduits de cheminée. La partie du toit en demi-rond surplombe l’escalier d’origine de la maison monté en colimaçon.
La toiture présente de nombreux raccords entre les parties anciennes, celles plus récentes et les souches de cheminées.
L’accès à l’appartement de l’étage passera par un escalier positionné dans la cour du no1 rue Saint Malo
Sur cette photo les bâtiments à gauche sont bien alignés alors que ceux de droite présentent de légers décalages. Ces décalages sont caractéristiques des ruelles médiévales, les bâtiments étaient construits à des époques légèrement différentes. Au XIXème les rues bien droites étaient davantage appréciées afin de faciliter la circulation devenue plus dense. Dans ces cas la ville procédait à des alignements, bien souvent très redoutés par les habitants qui voyaient leur logement modifié voire détruit. Dans la rue de Saint Malo les maisons médiévales de la partie gauche ont effectivement été détruites au profit d’un immeuble plus grand et plus moderne. Cet immeuble a d’ailleurs abrité un temps la sous-préfecture. Dans d’autres cas les maisons à pignon ont été refaçadées.
La rue de Saint Malo, autrefois appelé la rue neuve, a en fait une longue histoire. Elle est présente sur les plans de Lannion les plus anciens et a peu changé dans sa configuration générale. C’est une rue très caractéristique et très commerçante de Lannion.