Historique

Historique

Origines
La vallée du Léguer est occupée depuis plusieurs millénaires, le site du Yaudet qui surplombe l’embouchure du Léguer a notamment été un chef-lieu à l’époque gallo-romaine. Pour traverser le Léguer il fallait se rendre à un passage à gué au niveau de l’actuel pont de Kermaria. C’est à proximité de ce gué que La ville de Lannion a été fondée au début du Moyen Âge. En 1008 l’abbé Hingethen, qui était à la tête du monastère de Saint-Jacut de l’Isle à proximité de Saint-Malo, fit un voyage pastoral à travers le Trégor, relevant les édifices, redressant les mœurs et laissant dans tout le pays une trace profonde de son action restauratrice. C’est lors de ce voyage qu’il fonda le pieuré de Lannion. Au XIIème l’église fortifiée de Brélévenez est édifiée par des moines. Un château protégeait la ville, son emplacement se situant à l’angle formé par le Léguer et la zone marécageuse du Stanco qui lui servaient de barrière naturelle. C’est aussi à cette époque que le nom de la ville de Lannion commence explicitement à être mentionné dans les archives.

Dominant sur l’embouchure du Léguer, le site du Yaudet est une position stratégique idéale pour la navigation et la défense. Les fouilles ont attesté son rôle de chef lieu à l’époque gallo romaine.

Moyen Age
Au cours des XIIIème et XIVème siècle la ville se développe sur les bords du Léguer autour des 2 ponts: celui du prieuré de Kermaria puis celui de Sainte Anne construit en 1379. En 1346 lors des guerres de Succession de Bretagne, la ville est attaquée par les Anglais qui réussissent à pénétrer dans l’enceinte en soudoyant un portier. La ville est prise et brûlée. Ensuite la paix revient, les murailles sont relevées dix ans plus tard et soutenue par le commerce avec l’Angleterre, les Pays-Bas et la Scandinavie, la ville est alors reconstruite.

Lithographie de Lannion réalisée par Félix Benoist, datant des années 1850-1860. Au moyen âge Lannion s’est développé en partie grâce au pont sur le Léguer, aujourd’hui pont de Kermaria visible en premier plan et le pont de Saint Anne visible au second plan.

La seconde moitié du XVème et la première moitié du XVIème sont une période de prospérité car le port a un accès sur la route maritime joignant la Méditerranée à la mer du Nord. Ainsi les Lannionnais commercent avec la Scandinavie en été et avec les pays méditerranéens en hiver. Les exportations portent sur le beurre, le blé, le étoffes de lin et les cordages en chanvre. Le lin et le chanvre étaient connus depuis l’Antiquité mais leur culture s’est très fortement développée à partir du XVème siècle en raison des besoins de la marine marchande et militaire. Les toiles en lin sont utilisées pour les voiles alors que les cordes sont tissées avec le chanvre. Réputés pour leur résistance ces produits bretons sont alors utilisés sur toutes les mers du monde. A Lannion le marché se tient déjà le jeudi matin à sur la place du Marchalla’h qui signifie « marché » en Breton. Les paysans viennent y échanger les produits agricoles: bétail, blé, légumes et cidre.

Navire au port de Lannion. Les quais sont construits en 1762, auparavant il fallait accoster sur une rive vaseuse et descendre la marchandise à dos d’homme en marchant sur les planches posées au sol.
Tradition plusieurs fois centenaire: le marché aux bestiaux le jeudi matin sur la place du Marchalla’h. Aujourd’hui le marché a toujours lieu le jeudi matin et est très animé. Par contre il ne subsiste qu’un seul stand proposant des animaux vivants, surtout de la volaille.

Période de la renaissance
Le début du XVIème est marquée par la peste et la fin du XVIème par les guerres de religion. A quatre reprises les Ligueurs attaquent la ville avec le soutien de l’armée espagnole et la brûlent. Restent intacts seuls l’église et quelques édifices en pierre. La paix revient en 1598 lorsque Henry IV signe l’Edit de Nantes. La plupart des maisons à pan de bois visibles aujourd’hui à Lannion datent en fait de cette époque de reconstruction située entre 1600 et 1669, date à laquelle il devient interdit de continuer à bâtir en bois par crainte des incendies. Typiquement ces immeubles sont constitués d’une boutique au RDC, d’un escalier au fond pour accéder au logement de la famille dans les étages et le grenier est réservé aux apprentis.

Immeubles typiques de la place du centre, plusieurs sont classés ou inscrits monuments historiques.
Vue de la place du centre avec l’auditoire au centre, des maison à pan de bois aujourd’hui disparues sur la gauche et celles à droites encore visibles aujourd’hui. Lithographie de Félix Benoist datant des années 1850-1860. Les halles avaient déjà été détruites mais l’auditoire était encore en place.
Lannion comporte plusieurs manoirs de ville construits en pierre de schiste et granite.

Le grand siècle
Lors du XVIIème Lannion connaît un essor important lié à sa reconstruction avec en même temps l’installation de communautés religieuses. Les Capucins ouvrent une chapelle et une école qui se développera pour devenir l’école privée actuelle. Les Augustines quant à elles ouvrent un couvent et un hôpital aujourd’hui reconverti en médiathèque. Les Ursulines fondent également un couvent et s’attachent à l’éducation des jeunes filles, leur bâtiment abrite aujourd’hui la maison des associations et des logements sociaux. La vie administrative s’organise en même temps. Avec son auditoire sur la place du centre où siègent tour à tour la justice seigneuriale et la justice royale, Lannion devient véritablement un centre administratif en plus des activités commerciales. Des hommes de droits résident dans le centre comme en témoigne la « venelle des trois avocats » et les nobles du Trégor souhaitent également avoir leur pied à terre en ville pour suivre au plus près leurs affaires commerciales et judiciaires. La population atteint alors 3000 habitants.

La communauté Saint Anne tenue par les Augustines a abrité un hôpital ouvert pour les plus démunis. Le bâtiment a été bien conservé et héberge actuellement la médiathèque et l’école d’ingénieurs ENSSAT
Les écoles privées de Lannion, anciennement appelées « Institution Saint Joseph », ont hérité du travail d’éducation initié par les Capucins au XVIIème siècle.

Le XVIIIème siècle
Au XVIIIème siècle le réseau routier breton est amélioré et permet de rejoindre plus facilement la capitale. En 1762 le duc d’Aiguillon, lieutenant-général et commandant en chef de la province de Bretagne fait aménager les quais afin de faciliter l’accès des bateaux dans le port. Les quais portent toujours son nom: les quais d’Aiguillon. En 1763 la ville établit même son premier plan d’urbanisme avec au programme remblaiement des marais du stanco, pavement de rues, création de voies nouvelles et de promenades. Autant le duc d’Aiguillon a été réellement apprécié pour ses travaux d’amélioration des voies de communications, autant il était impopulaire à Rennes en raison de ses multiples maladresses. En 1765 en signe de protestation envers sa politique fiscale, 85 conseillers du parlement de Bretagne signent leur démission, provoquant par la même occasion la colère du roi Louis XV. Pour soutenir les guerres du Royaume de France Louis XV avait en effet demandé au duc D’Aiguillon d’augmenter les impôts en Bretagne, chose que le parlement contestait en raison du statut fiscal particulier dont bénéficiait la région depuis l’époque d’Anne de Bretagne.

Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu, duc d’Aiguillon. Commandant en chef en Bretagne de 1753 à 1768. Peintre non identifié, Musée des beaux-arts d’Agen
Le parking visible le long du Léguer porte de nom du quai d’Aiguillon, du nom d’Emmanuel-Armand du Plessis-Richelieu, duc d’Aiguillon, lieutenant-général et commandant en chef de la province de Bretagne qui fit construire ce quai en 1762.

Le XIXème siècle
Relativement épargnée par la période révolutionnaire, Lannion connaît par contre des changements importants au XIXème siècle. La place du centre est créée avec la destruction de l’auditoire, des halles et de la prison. Il s’agissait notamment pour la ville de disposer d’une place suffisamment spacieuse pour accueillir les délégations en provenance de Paris et qui arrivaient donc depuis Guingamp par l’actuelle rue Jean Savidan. La nouvelle mairie est construite en reprenant une partie de la façade de l’auditoire et les nouvelles halles s’installent juste derrière à l’emplacement actuel. La ligne de chemins de fers Paris-Brest est inaugurée en 1865 et la ligne Plouaret-Lannion est ouverte en 1881. La culture et l’industrie du lin et du chanvre qui avait fait la richesse de la Bretagne pendant quatre siècles devient fragile au XVIIIème en raison de droits de douane imposés par l’Angleterre et l’Espagne puis tend à disparaître vers 1840. Le lin et le chanvre sont alors concurrencés par le coton qui se développe de manière industrielle dans le nord de la France. Les négociants bretons ayant placé leurs gains dans la pierre ou l’achat de terre ne disposent pas du capital nécessaire pour prendre ce virage de la révolution industrielle. Par manque de travail dans la région, la fin du XIXème est marquée par le départ de jeunes sur Paris alors qu’en même temps, aidés par le chemin de fer, les premiers touristes viennent dans le Trégor découvrir la Côte de Granit Rose.

La mairie remplace l’auditoire en 1886. La partie centrale de la façade reprend en fait les pierres et les poutres de l’oratoire auquel les habitants étaient très attachés.
Installation des voies de chemin de fer à Lannion

Le XXème siècle
Le début du XXème marque l’essor du tourisme notamment avec la loi de 1936 qui accorde deux semaines de congés payés. Par contre la région reste très agricole et n’a pas pris le tournant de l’industrialisation.

Affiche des Chemins de Fer de L’Etat représentant les Escaliers de Brélévenez, utilisée notamment dans le métro à Paris pour promouvoir le tourisme en Bretagne et donc le transport ferroviaire des voyageurs.

La transition est initiée en 1963 avec l’installation à Lannion du Centre National d’Etude des Télécommunications. Avec le soutien de Pierre MARZIN, directeur du CNET et d’origine de Lannion, la configuration du site convainc le gouvernement: télécommunications transatlantiques de bonnes qualité, cadre de vie attirant pour les cadres et la présence d’un aérodrome permettant de relier Paris en 1h. Sur le thème « Passez toute l’année sur les lieux de vos vacances » Lannion connaît un nouveau développement avec la recherche et l’industrie de télécoms. La population double en 40 ans pour atteindre 20.000 habitants.

Le XXème siècle est marqué par le développement de l’automobile. En 1905 Lannion ne connaît que 5 voitures, alors qu’aujourd’hui la mairie soit constamment chercher de nouvelles solutions pour le stationnement.
En 1963 le Centre National d’Etude des Télécommunications s’installe à Lannion et donne une nouvelle dynamique à la ville et au Trégor.

Le XXIème siècle
Autour des années 2000 la production du matériel de télécoms est largement délocalisée pour des raisons de coût, ce qui provoque une importante vague de chômage chez les opérateurs. Lannion doit alors chercher un second souffle. La partie recherche est tout de même préservée et continue à se développer avec notamment l’ADSL et la fibre optique. L’ouverture de la LGV Paris-Rennes permet maintenant aux Lannionnais de rejoindre Paris en un peu plus de trois heures, le tourisme et le télétravail peuvent encore se développer. Le centre ville historique nécessite par contre un programme de réhabilitation, la mairie en prend conscience et propose son plan Lannion 2030.

Communication de la ville vantant les mérites de la région: un bord de mer à la pointe de la technologie

Source: « Brève histoire de Lannion » par Jean-Pierre PINOT 2001